Principes non négociables ou apocalypse

19.04.2024.

            En 2006, peu après son élection comme pape, Benoît XVI a rencontré à Rome un très grand groupe, quelque 500 membres du Parti populaire européen, devant lesquels il a énoncé pour la première fois ce qui est devenu depuis lors les “principes non négociables”, des principes non négociables qui devraient marquer non seulement l’agenda que les politiciens catholiques devraient essayer de mettre en œuvre, mais aussi les votes des catholiques. Il en a reparlé l’année suivante lors de la publication de l’exhortation apostolique Sacramentum Caritatis, et deux ans plus tard, en 2009, devant un groupe d’évêques en visite ad limina, le pape Benoît a dit très clairement qu’il était inexcusable pour les catholiques de voter pour l’Église. Il a dit clairement qu’il était inexcusable de cesser de guider les catholiques selon les “principes non négociables”, qu’il était du devoir des évêques de guider les catholiques sur la question du vote sur ces principes, et qu’il était du devoir des évêques de guider les catholiques sur la question du vote sur ces principes.

            Ce n’était pas la première fois que l’Eglise se prononçait sur l’une de ces questions. Tout d’abord, il faut rappeler quels sont les trois principes non négociables : premièrement, la défense de la vie, de la conception à la mort naturelle ; deuxièmement, la défense de la famille, la famille étant entendue comme l’union d’un homme et d’une femme, une union avec un mariage, une union stable, ouverte à l’enfant ; et troisièmement, la défense du droit des parents à avoir le dernier mot dans l’éducation de leurs enfants et à pouvoir empêcher l’État d’éduquer leurs enfants. Ces trois principes non négociables, comme je l’ai dit, ont été énoncés en tant que tels par le pape Benoît en 2006 pour la première fois, alors que la question de l’avortement avait déjà été largement prise en compte par l’Église, qui avait imposé, puni de la peine maximale possible, à savoir l’excommunication, ceux qui participaient directement à l’avortement et même les hommes politiques qui, dans leur travail législatif, avaient promu ou soutenu l’approbation de lois sur l’avortement, du moins plus abortives que celles qui existaient à l’époque. Les principes non négociables ont constitué une référence efficace tout au long de cette période du pontificat du pape Benoît XVI. La question, en particulier la question de l’avortement aux États-Unis, avait déjà été importante auparavant, pendant la période de trois ans allant de 1974 à 1977, lorsque le cardinal Bernardin, alors archevêque de Chicago, qui ne l’était pas encore à l’époque, était président de la Conférence épiscopale. Bernardin, en raison de la forte pression exercée précisément contre l’avortement et pour guider les catholiques sur la question de l’avortement lors des élections, a élaboré une doctrine connue sous le nom de “robe sans couture”. Il faut rappeler que Bernardin est devenu président de l’épiscopat en 1974 et que c’est en 1973 que la Cour suprême américaine a approuvé la possibilité de pratiquer des avortements en toute légalité.

            La doctrine de Bernardin sur la tunique sans couture disait qu’il parlait de la tunique de notre Seigneur qui avait été tissée en une seule fois et que lorsqu’il s’était agi de partager ses quelques biens, ses quelques vêtements avant de le crucifier, les soldats avaient décidé de ne pas la déchirer en morceaux mais de la tirer au sort. Bernardin, le cardinal Bernardin, a dit que c’était ce qu’il fallait faire, que la tunique ne servait à rien, qu’elle n’était pas déchirée en morceaux, qu’au moment du vote, l’avortement était certes une question importante, mais ce n’était pas la seule question importante, et qu’il fallait prendre en compte l’ensemble, l’ensemble c’était l’immigration, par exemple, et c’est cela, la doctrine de la robe sans couture du cardinal Bernardin, qui a permis à tant de catholiques américains de continuer à voter pour le parti démocrate alors que celui-ci devenait de plus en plus radical. Il ne faut pas oublier que le parti démocrate était traditionnellement le parti des catholiques aux États-Unis, moins pour une grande majorité de catholiques, et qu’il leur était très difficile de renoncer à leur parti et à celui de leurs prédécesseurs. La justification leur est venue avec cette doctrine de la robe sans couture.

            Mais ensuite sont arrivés Jean-Paul II et Benoît XVI, et c’est alors que la situation a commencé à changer, et cette situation a créé une crise aux États-Unis lors de la course à la présidence entre Biden et Trump, Biden étant un catholique mais un partisan de l’avortement. La question de l’avortement a joué un rôle important dans cette lutte électorale, remportée par Biden qui est devenu, est devenu, est toujours président, de plus en plus radical sur la question de l’avortement, au point qu’un groupe important d’évêques américains a envisagé la possibilité d’appliquer le droit canon qui établit l’excommunication tardive, l’excommunication automatique, et d’interdire l’accès à la communion non seulement à lui, mais aussi à la présidente de la Chambre des représentants de l’époque, Nancy Pelosi, une catholique elle aussi, en raison de son soutien manifeste, très clair et explicite à l’avortement, ils ont alors reçu une lettre du Vatican disant “qu’il serait trompeur de donner l’impression que l’avortement et l’euthanasie constituent à eux seuls les seules questions sérieuses de la doctrine sociale catholique qui requièrent le plus haut niveau de responsabilité de la part des catholiques”, en d’autres termes un retour à la doctrine de la robe sans couture du cardinal Bernardin. L’avortement, et maintenant l’euthanasie, ont également été inclus, eh bien, ce sont des questions importantes, cela ne fait aucun doute, personne n’a jamais dit le contraire, mais c’est un de plus, il n’y a rien d’autre que l’on puisse faire. Face à cela, la tentative collective, et je répète par un groupe d’évêques, un groupe important d’évêques, de refuser la communion à Biden a échoué, elle a été stoppée dans son élan. Eh bien, nous avons été comme cela jusqu’à, jusqu’à très récemment.

            Dignitas Infinita a été publié, c’est-à-dire un document de la Doctrine de la Foi dans lequel il est dit que “les choses doivent changer après cela”.
Après cela, il faut que ça change, mais pour couronner le tout, ce mercredi, dans le message que le pape donne tous les mercredis à l’occasion de l’audience générale, le pape François a de nouveau utilisé le mot “Dignitas Infinita” dans le message qu’il donne tous les mercredis à l’occasion de l’audience générale, Le pape François a de nouveau utilisé le concept de “principes non négociables”, je peux me tromper, je n’ai pas retrouvé, il me semble difficile de le faire, tous les mots que le pape François a prononcés tout au long de son pontificat au cas où il aurait utilisé ce concept, je ne m’en souviens pas, je pense que c’est la première fois que le pape François utilise ce concept : Je crois que c’est la première fois que le pape François utilise ce concept : “principes non négociables”, et il l’a utilisé immédiatement après la publication de Dignitas Infinita. Il est vrai que le pape a dit qu’il fallait l’appliquer en tenant compte de deux éléments, de deux choses, Premièrement, la modération, et deuxièmement, l’écoute attentive des raisons de ceux qui pensent différemment de nous, et je suis tout à fait d’accord avec le pape, c’est-à-dire que nous ne pouvons pas défendre la vie par la violence, défendre la vie par des insultes, des menaces ou la violence physique n’est pas notre façon de faire et ne le sera jamais, et je ne me réfère pas seulement à la vie, aux trois principes non négociables : la vie, la famille et les droits parentaux : De même, il me semble non seulement charitable mais intelligent d’écouter ceux qui ont une approche différente de la nôtre, car cela nous aide à voir si nous avons raison ou tort, si nous devons modifier nos approches d’une manière ou d’une autre ou même nous aide à les réaffirmer davantage, mais la modération et l’écoute ne peuvent pas être synonymes de tiédeur.

            Nous sommes à un moment tellement important de l’histoire de l’humanité, et pas seulement à cause des menaces de guerre, mais à cause de la situation que nous connaissons en matière de natalité, qu’en 2022, qui est la dernière donnée dont nous disposons, plus de la moitié des personnes qui sont mortes dans le monde, y compris celles qui sont mortes à cause de Covid, plus de la moitié sont mortes à cause de l’avortement, y compris celles qui sont mortes à cause du Covid, plus de la moitié sont mortes à cause de l’avortement, et ce en tenant compte du fait que les avortements chimiques, la pilule du lendemain, par exemple, ne sont pas comptabilisés ici, parce que personne ne sait s’il y a eu ou non un avortement, entre autres choses. La situation de la famille est tout aussi grave, il n’y a pas de mariages, pas seulement dans l’Église, nous ne parlons pas du monde, c’est-à-dire que la situation est si grave qu’elle ne nous concerne pas, nous catholiques, mais c’est le destin de l’humanité qui est en jeu. Face à cette situation, il est suicidaire pour le monde, et bien sûr pour nous catholiques, d’adopter une position tiède et ambiguë. Les principes non négociables doivent à nouveau guider le vote de manière décisive, non pas comme un élément de plus dans un ensemble de 20 choses, mais de manière décisive le vote, comme le pape François vient de le dire, bien qu’il n’ait pas parlé du vote, il vient de le dire, Il suffit de citer ces deux mots “principes non négociables” pour que chacun sache à quoi il fait référence avec les nuances qu’il a apportées, et qu’il a très bien su apporter, nous devons nous rappeler ces mots qui sont écrits dans l’Apocalypse, parce que nous sommes peut-être confrontés à une situation apocalyptique, nous devons nous rappeler ces mots écrits par Saint Jean : “Nous ne pouvons pas être tièdes en ce moment, lorsqu’il s’agit de défendre les trois principes non négociables.

            Naturellement et malheureusement, nous sommes toujours confrontés au dilemme de savoir quoi choisir, parce qu’il n’y a pas une chose, ou il est très difficile de trouver une chose qui nous satisfasse pleinement lorsque, par exemple, nous votons, c’est très ennuyeux, cela crée même des problèmes de conscience de devoir voter pour le moindre mal, c’est le cas pour moi, bien sûr, mais il y a des situations dans lesquelles il n’y a pas d’autre choix. Et c’est vrai pour les États-Unis, pour le Mexique, pour tous les pays où les catholiques ont encore une force relativement importante, quand il s’agit d’influencer le vote, c’est le devoir des pasteurs d’écouter le pape, d’écouter Dignitas Infinita, dont le pape François vient de dire qu’il faut reprendre en compte les “principes non négociables”, c’est le devoir des pasteurs d’écouter cela. Il est vrai que les chances d’être écoutés diminuent, malheureusement, mais ce qui est important n’est pas aussi important que le fait de se taire. Nos fidèles, nos catholiques, doivent savoir ce qu’il faut faire à un moment comme celui-ci où plus de la moitié des décès dans le monde sont dus à l’avortement, où il n’y a pas d’enfants qui naissent, où il n’y a pas de familles. Si, dans ce contexte, nous continuons à être ambigus et à appliquer la robe sans couture, que ce n’est qu’un élément de plus, alors les mots de saint Jean dans l’Apocalypse s’appliqueront à nous : “Je vomis les tièdes”, si Dieu le veut, cela n’arrivera pas.

À la semaine prochaine, si Dieu le veut.

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